Nucléaire & climat
Max Fressonnet : Le nucléaire est une des solutions pour décarboner la production d’énergie qui est la 1ère source d’émissions de CO2 dans le monde. J’y vois aussi une solution pour accompagner la hausse significative de la consommation électrique, qui sera amplifiée par la réindustrialisation de la France.
Philippe Knoche : Le nucléaire est une des sources de production d’électricité la moins émettrices de CO2, comparable à l’éolien, 4 x moins que le solaire, 40 x moins que le gaz et 70 x moins que le charbon. C’est une énergie indispensable à la transition énergétique et à l’objectif de neutralité carbone. De nombreux rapports d’experts (RTE, GIEC, AIE…) reconnaissent que le nucléaire est important dans le mix énergétique pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris qui est de maintenir le réchauffement climatique en dessous du seuil de 1,5 °C.
Max Fressonnet : La baisse des gaz à effet de serre suffira-t-elle à lutter contre le réchauffement climatique ? Ne faut-il pas aussi aborder les aspects de sobriété et d’efficacité énergétiques ?
Philippe Knoche : Tu as raison sur l’efficacité énergétique. En France, 40 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent du bâtiment. Et on a 5 millions de logements qui sont mal isolés et qu’il faudrait rénover. Il y a vraiment un enjeu très fort sur la décarbonation et la baisse de la consommation énergétique des logements. La sobriété nous impose de renoncer à certains usages. Ce sont là des questions de confort qui sont difficiles à évoquer, mais on peut, par nos comportements individuels et ceux des entreprises, décider de baisser d’un ou deux degrés la température en hiver. Côté industriel, on réfléchit non seulement à avoir des procédés plus efficaces, mais à utiliser moins de matières premières, à recycler, ce qui va nous amener à être plus sobre dans notre consommation énergétique.
Max Fressonnet : Il y a aussi un sujet un peu moins évoqué que la lutte contre le réchauffement climatique, c’est l’effondrement de la biodiversité et ses conséquences. J’entends par là aussi bien la construction d’espaces artificiels à la place d’espaces naturels ou encore le rejet de substances chimiques dans l’environnement.
Philippe Knoche : L’impact sur la biodiversité s’analyse dans tout le cycle de vie d’une installation, que ce soit pour les fossiles, les renouvelables ou le nucléaire. La densité de l’énergie nucléaire fait qu’une centrale nucléaire occupe 100 à 300 fois moins d’espace que les productions renouvelables. Il faut trouver le bon équilibre. Concernant le contrôle des rejets chimiques et radioactifs, nous veillons à l’absence d’impact significatif de nos activités par une surveillance régulière de l’environnement et par un suivi adapté de la biodiversité autour de nos sites. Nous effectuons plus de 100 000 mesures et analyses chaque année à partir d’environ 1 000 points de prélèvement.