Yellow tomorrow

Nucléaire Échange intergénérations entre Philippe Knoche et Max Fressonnet

Énergie : quels enjeux ?

Max Fressonnet : Je m’intéresse aux enjeux énergétiques pour plusieurs raisons. D’abord il y a le réchauffement climatique avec la nécessaire décarbonation de l’énergie, donc la sortie des énergies fossiles. Il y a ensuite les différentes crises énergétiques que nous subissons depuis un an qui nous ont fait prendre conscience que l’indépendance énergétique est vitale pour un pays comme la France, pour un continent comme l’Europe.

Philippe Knoche : L’énergie est un sujet qui nous concerne tous au quotidien et en même temps qui engage beaucoup l’avenir. Elle est devenue, au-delà des enjeux climatiques, un sujet de souveraineté nationale. La France, grâce au nucléaire, est indépendante de son énergie à plus de 50 %.

Max Fressonnet : Je note que les enjeux climatiques et d’indépendance par rapport au prix de l’énergie sont assez liés. Pour ces deux raisons, la solution est de sortir de notre dépendance aux énergies fossiles.

Philippe Knoche : Tu as raison. L’Europe ne produit que 29 % de son énergie primaire et 70 % de son énergie est encore à base d’énergies fossiles, avec comme première conséquence un impact sur le réchauffement climatique. La deuxième, c’est une dépendance énergétique qui est, d’une certaine façon, une fragilité. Parce que l’uranium a une densité énergétique bien supérieure aux hydrocarbures (100 g d’uranium naturel = 1 tonne de pétrole brut), il se stocke plus facilement. On a typiquement en France deux à trois ans de stock en cas d'interruption de fourniture, sans compter la réserve d’uranium appauvri que détient Orano, ce qui rajoute plusieurs années. Pour l’énergie fossile, c’est difficile d’avoir un stock à plus de quelques mois. Cela crée une visibilité sur les prix, une souveraineté qui est assez forte. Il y a une cohérence effectivement entre les impératifs de décarbonation, de souveraineté énergétique et, au final, de compétitivité.

Électricité : l’énergie du 21e siècle ?

Max Fressonnet : Face à l’électrification des usages qui va devenir indiscutable, l’électricité bas-carbone est plus que jamais une alternative raisonnable.