Yellow tomorrow

Nucléaire Échange intergénérations entre Philippe Knoche et Max Fressonnet

Le grand retour du nucléaire

Max Fressonnet : On voit de plus en plus un consensus se former autour du nucléaire. La sortie du nucléaire n’est plus un impératif prôné par les organisations historiquement opposées au nucléaire : c’est la sortie des énergies fossiles qui devient la priorité. L’énergie d’origine nucléaire est de plus en plus défendue en tant qu’énergie de transition, qui semble indispensable pour les prochaines décennies.

Philippe Knoche : Le nucléaire est bien plus qu’une énergie de transition. C’est une jeune énergie. Il est vrai qu’au cours des trois dernières années, à l’initiative des experts sur le climat ou de l’Agence internationale de l’énergie, il y a une vraie compréhension des enjeux de décarbonation de la production d’énergie et d’un nécessaire équilibre entre renouvelables intermittents, hydroélectrique et nucléaire. Ce qui conduit des pays comme la Belgique, à vouloir repousser leur sortie du nucléaire. En France, l’opinion publique est de plus en plus favorable au nucléaire. L’annonce par le président Macron de la construction de 6 nouveaux EPR, puis de 8 autres EPR à l'étude, ainsi que le prolongement de la durée de vie des réacteurs existants, marque un tournant : on est entré dans une nouvelle ère.

Max Fressonnet : J’entends que le nucléaire soit une énergie d’avenir, mais il y a des messages contradictoires qui sont envoyés, par exemple avec le chantier de Flamanville. Et il existe toujours une crainte sur la gestion des déchets.

Philippe Knoche : Concernant Flamanville, effectivement, c’est un chantier difficile. Mais il s’agit d’une tête de série et la filière a beaucoup appris. Signalons que le réacteur EPR en Finlande vient de démarrer sa production, comme d’autres EPR en Chine. Quant aux déchets, c’est important d’en parler. Contrairement à une idée reçue, on sait les gérer, c’est-à-dire les isoler de l’homme et de son environnement.

On sait aussi réduire leur volume pour les plus radioactifs, les entreposer en toute sécurité et recycler 96 % du combustible usé. Les déchets radioactifs de haute activité représentent moins de 200 par an, soit le poids d’une pièce de 20 centimes par habitant. Nous devons progresser dans la pédagogie et montrer qu’on est capable de réduire la quantité de déchets et de les conditionner.